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23 novembre 2013 6 23 /11 /novembre /2013 18:25

Juste un lien, mais je vous le confie contre bons soins :

 

http://issuu.com/pyramegeneve/docs/120_millions_de_secondes

(maintenez la touche Ctrl et cliquez sur le lien)

 

J'ai écrit ce texte quand j'avais vingt ans, il y a un peu plus de vingt ans. Ce sont les tableaux, noirs, d'un homme qui a passé quatre ans en prison (cent vingt millions de secondes), par amour d'un autre homme.

Il s'agissait d'un exercice de style, d'une oeuvre que je soutenais de pure fiction.

J'avais été marqué par l'Etranger (Meursault), par les romans noirs, par le sens de la chute qu'avaient mes plus grands phares, comme en littérature un Hugo ("Je veux de la poudre et des balles"), un Rimbaud ("Il a deux trous rouges au côté droit"), un Goethe ("In seinen Armen, das Kind war tot") ou un Baudelaire ("Et, vertigineuse douceur ! A travers ces lèvres nouvelles, Plus éclatantes et plus belles, T'infuser mon venin, ma soeur !"). Comme dans les codas en feux d'artifice de Chopin, de Schumann ou de Brahms, et comme dans les textes puissants que l'on trouve dans certaines chansons inconnues de Sardou, en chanson populaire.

J'enviais de pouvoir m'essayer au rythme magistral qu'un Flaubert et un Proust savaient mettre dans leurs phrases et même à l'intérieur de chaque mot ou de chaque virgule.

Au-delà du style, ceux qui me connaissent y verront les émanations méphytiques d'un Mister Hyde. Ca les surprendra; ou pas.

Malgré l'emploi de la première personne, j'étais moi-même sûr de tenir là un rôle de composition, de transcrire l'univers fantasmatique de quelqu'un d'autre, nettement plus malsain. J'en suis toujours convaincu, en tout cas pour une misanthropie affichée que je ne ressens pas aussi violemment, un cynisme qui n'est pas toujours de mon goût et une perversité que certains - dont je n'ai toujours pas réussi à faire le deuil - se sont trop rapidement empressés de me prêter.

Même si, à relire tout cela je ne l'aurais plus écrit de la même manière, j'en suis encore très fier.

Je n'ai ni vécu la prison, ni broyé le spleen du narrateur. Je m'en rends compte aujourd'hui plus que jamais, alors que je viens de terminer le livre de Aziz Binebine "Tamamort", sur le bagne mouroir de Tamamart où il a été enterré par Hassan II comme un rat, pendant dix-huit ans, pour avoir participé semble-t-il à son insu au coup d'Etat de 1971. Et dire qu'il n'est pas même aigri, alors que mes lignes sont des déjections d'aigreurs sans même avoir l'excuse d'avoir personnellement souffert.

Je n'ai jamais laissé lire cet opuscule à personne, jusqu'à présent. A une ou deux reprises, il m'est tout au plus arrivé d'en dire moi-même certains passages à des gens qui ont compté.

C'était peut-être le moment, mais ne vous y trompez pas : ce n'est qu'un "coming in", un voyage organisé dans une toute petite partie de moi.

En tout cas, si vous décidez d'ouvrir ce lien, ce sanctuaire hypertexte, s'il vous plaît : lisez ces pages à voix haute et prenez le temps que j'aurais pris à vous le réciter.

N'empêche: il est réservé à ceux qui m'aiment déjà bien au départ, ce foutu Cent vingt millions de secondes... Comme les huîtres, les cigarettes, les baisers sur la bouche et autres gâteries du même style, plus le plaisir est raffiné plus tout ça commence par être vraiment dégueulasse au départ.

Je vous aurai prévenus.

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commentaires

W
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