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3 juin 2011 5 03 /06 /juin /2011 22:07

plaidoirie2.jpgMon premier concours de plaidoirie, il y a maintenant quelques années.

Une provocation un peu misogyne peut-être, mais à laquelle même les femmes souriront.

Un moment magique surtout : un premier prix du concours Michel Nançoz décerné par Monsieur le Bâtonnier de l'Ordre des avocats et Président le Commission pénale, Me Marc Bonnant. Un maître dans cet art. Et dans un autre, plus noble encore : transformer le mot en rêve.

 

Sujet:

Vous défendez les intérêts de BAUDELAIRE, qui assigne en justice une dévote qui l'a agressé dans la rue à coups de parapluie pour avoir écrit: "Je ne comprendrai jamais qu'on tolère les femmes dans les églises: quelle conversation pourraient-elles avoir avec Dieu?"



 

Monsieur le Président,

Messieurs les Hauts Magistrats,

Mes chers Confrères,

Messieurs,

Dieu Tout Puissant!



...et avant tout Vous, Mesdames, oui, Vous Mesdames, accusées de tous les maux, de tous les vices et toutes les tares, à qui je réserverai aujourd'hui, faites-moi confiance!, une place de choix et un traitement de faveur.



Permettez-moi de commencer ce discours par un aveu: Je suis très intimidé d’avoir l'honneur de défendre les intérêts d'une telle partie civile, lui qui toute sa vie ne fut qu'un accusé, partie civile dont - j'en prends le pari - les meilleurs témoins de moralité ne seront bientôt rien moins que des biographes.

Mais c'est aussi avec fierté que j'honorerai ce rôle. Oui, avec fierté.

Je suis fier de pouvoir le mener sans fausse pudeur dans une ville, en cette fin de siècle, encore rescapée de la dévotion.

D'avoir le privilège d'accomplir ma mission en toute liberté, dans un canton où les avocats ne sont pas encore asservis à la cause de l’Etat, flanqués d'un ange gardien de la Paix en guise de conscience.

Fier d'avoir la chance d'exercer cette - non cette profession - mais cette vocation dans un Pays où la loi impose à l'avocat son principal privilège, l'indépendance, lui donnant l'incroyable prérogative de ne recevoir d'instructions de personne, pas plus d'un client que d'un Juge, ou d'un employeur.

Et voici qu'il m'est donné d'avoir été choisi par le poète des poètes pour être son défenseur, moins en raison de mes compétences juridiques que pour mes qualités viriles et poétiques.

Et c'est pour ces mêmes qualités qu'il confie sa cause à votre Tribunal, pour ce que Monsieur Charles BAUDELAIRE a voulu son second et donc dernier procès.

C'est par conséquent sans censure aucune qu'il vous sera démontré, à quel point l'agression dont il a été la victime est infâme, et à quel point elle est injustifiable.



Infâme, déjà pour les lésions corporelles qu'elle a engendrées, et qui à elles seules appellent une évidente condamnation.

Lésions corporelles, mais bien plus encore : lésions spirituelles, délit sui generis mais gravissime, car à travers le poète, c'est à la poésie qu'on s'est attaqué.

La censure avait des ciseaux, voici maintenant qu'elle s'arme d'un parapluie...

Infâme: d'autant qu'il faut y ajouter le viol, Madame, viol d'un homme dont vous avez mis le cœur à nu, viol qui - lui – ajoute la damnation à la condamnation.

Parfaitement, un viol, le viol de l'intimité!

Car, vous le savez, les considérations de mon client sur les correspondances entre femmes et Dieux n'ont pour l'instant jamais été publiées.

Elles le seront peut-être, plus tard, nous verrons, mais le poète avait décidé, jusqu'à ce que vous les lisiez, de les tenir secrètes sa vie durant, dans le sanctuaire d'un journal intime.

C'est vilain, Madame, de lire et dévoiler un journal intime!

D'autant que vous êtes récidiviste en la matière.

Il y a déjà cette boîte: vous la saviez contenir le Mal, mais vous n'avez pas pu vous empêcher de l'ouvrir quand même.

Comme cette pomme que vous saviez empoisonnée...

Vous êtes la damnation des femmes! Eve, Pandora, et enfin vous, misérable dévote !



L'espionnage ou le vol sont donc à rajouter au nombre des chefs d'inculpation, car il a bien fallu vous le procurer, ce journal intime...

Mais qu'importe, après tout, la façon dont ces confessions sont parvenues à votre connaissance: vous le verrez, mon client en a écrites de bien plus percutantes encore.

Oui, qu'importe, les stigmates de l'agression dont vous êtes la pitoyable responsable, on l'a dit, méritent à elles seules une condamnation sans appel. Votre cause est déjà entendue.

Oui, qu'importe. Ce qui compte aujourd'hui, c'est bien de démontrer que votre geste est en plus gratuit, injustifié, qu'il démontre que vous n'avez pas même compris ce que vous avez cru avoir lu.

Ce qui compte, c’est que votre culpabilité n'a aucune circonstance atténuante, et surtout pas la seule que vous pourriez songer à invoquer: d'avoir été injustement provoquée par mon client.



"Provocation"? Oui, bien sûr, Madame...

Même en laissant de côté l'argument inutile de la licence artistique - car je ne plaiderai pas qu'un poète a le droit de tout dire - ou du fait qu'une phrase ne doit être jugée que dans le contexte d'une œuvre entière, - même cela mis à part - vous avez tort.

En effet, les mots de Monsieur BAUDELAIRE ne sont peut-être pas innocents, mais ils sont inattaquables.

Voilà son premier argument: dans ce qu'il dit, cherchez le faux, je vous en défie!

Et ce serait peine perdue: mon client a le propos scientifique: il parle et juge par expérience.

Alors, qu'a-t-il dit?

Rien d’autre que ce qu’il a vu, à chaque fois qu'il s'est approché de la femme et qu'il y a été confronté.

Qu'a-t-il vu, qu'a-t-il pu voir, alors: le charme et la Beauté, ni plus ni moins!

La femme, écrit-il un jour, accomplit une espèce de devoir en s'appliquant à paraître surnaturelle. L'unité abstraite obtenue par la poudre de riz rapproche immédiatement la femme de la statue, c'est-à-dire d'un être divin et supérieur.

Mais il va plus loin, beaucoup plus loin. Ce qu'il y a - pour nous les hommes - de vertigineux et de profond dans le divin, n'est rien en comparaison du regard d'une femme.

Je sais qu'il est des yeux, des plus mélancoliques

Qui ne recèlent point de secrets précieux;

Beaux écrins sans joyaux, médaillons sans reliques

Plus vides, plus profonds que vous-mêmes, ô Cieux!

Ceux qui ont vu - ou qui verront - comme vous Madame, dans les écrits de mon client les sécrétions putrides d'un être misogyne et grossier n'auront rien compris de lui.

Et pourtant, il vous avait prévenue: pour le comprendre, il faut le lire d'un œil curieux:

Et si, sans se laisser charmer

Ton œil sait plonger dans les gouffres

Lis-moi, pour apprendre à m'aimer;


Il aurait été facile pour moi de jouer le beau rôle, celui du premier degré, celui de vous démontrer que mon client détestait la femme naturelle, par opposition à l'idéal qu'il semble aduler... et d'assimiler la dévote accusée à toutes les femmes, pour discréditer la première et se railler des secondes.

C'eût été tomber dans une première lecture malhonnête et approximative.

En fait, BAUDELAIRE aime les femmes, incondi¬tionnellement. A ce point que son rêve idéal de la femme a justement toujours résisté aux écueils d'une réalité féminine, parfois difficile à comprendre:

Faut-il qu'il vous ait aimées pour aimer tout de vous, à commencer par les souffrances qu'il a éprouvées aux côtés de celles qui ont traversé sa vie.

Sa mère. Sa mère était tout pour lui. Une mère, pour un fils unique de droit divin, c'est le monde entier. La mère d'un être unique, pour un Hamlet, c'est l'univers.

Mais elle n'a pourtant pas compris. Elle a préféré se donner un autre homme, elle a préféré le prestige d'un uniforme.

L'imaginer livrée au plaisir, dans les bras d'un homme qui n'était pas son père, est sans doute la douleur la plus cruelle que Charles aura ressentie de sa vie.

Et malgré cela, il lui écrira, jusqu'au bout, des lettres enflammées, lui confirmant qu'il est tout à elle, et qu'elle reste tout pour lui.

Madame DAUBRUN, elle est une allumeuse, absente. Elle fait tout pour étouffer ce que sa beauté avait tout fait pour attiser.

La blessure du poète est alors de celles qui clouent les esprits au sol, qui tuent les êtres dont les pieds avaient la légèreté des ailes. C'est Hermès transformé en Prométhée. C'est Ariel soupirant, prisonnier dans le tronc d'arbre, accablé par les puissances maléfiques.

Et pourtant, il l’a aimée et il l’aimera toujours telle qu’elle est.

Avec Madame Apollonie SABATIER, il croyait tenir une parcelle de divin. Apollonie, la bien prénommée.

Il voyait en elle l'âme sœur.

Elle, elle a vu en lui le corps frère. Elle s'est donnée, comme on dit. Elle a consommé la relation et en même temps consumé l'idéal que mon client tentait de voir en elle.

Et pourtant,  sur ces deux femmes, cherchez une seule ligne, un seul vers cruel ou désabusé: vous n'en trouverez pas.

Quant à Jeanne, elle l'aura totalement comblé, peut-être parce que cette prostituée gratuite et illettrée est la seule qui savait séparer l'âme du corps ; grande et rare qualité!

Eh oui, peu importe que la femme soit laide, vieille ou qu'elle se vende dans de sordides cabarets, elle est femme et cela suffit pour que BAUDELAIRE l'aime sans réserve.

De Satan ou de Dieu, qu'importe? Ange ou Sirène

Qu'importe si tu rends, fée aux yeux de velours

Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine

L'univers moins hideux et les instants moins lourds

Alors quoi, Monsieur BAUDELAIRE serait misogyne? Laissez-moi vous dire alors que je connais bien des femmes qui auraient aimé être aimées par un tel misogyne...

Un misogyne qui aurait suffisamment bien manié le sophisme pour écrire :


Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne

Ô vase de tristesse, ô grande taciturne

Et t'aime d'autant plus, belle, que tu me fuis

Et que tu parais, ornement de mes nuits accumuler les lieues

Qui séparent mes bras des immensités bleues

Mais certes, c'est vrai, mon client a qualifié la femme de naturelle, et d'abominable.

Et alors? Le terme d'abominable, ce terme de droit canonique (ab omine), vise ce qui est impie, religieusement non correct, au point d'inspirer de l'horreur?

De la part d'un poète qui préfère mille fois les plaisirs du Diable au divin Ennui, et mille fois encore la femme au Diable lui-même, c'est plutôt un compliment...

Ô Satan, prends pitié de ma longue misère

Toi qui, même aux lépreux, aux parias maudits

Enseignes par l'amour le goût du Paradis

... chez lui, le mot "impie" sonne plutôt bien, non?

Abominable, oui, mais pour Dieu!!

Car la femme est supérieure à Dieu, cela ne fait aucun doute.

Il craint sa concurrence, déloyale il est vrai. Dieu ne sera Dieu que lors du jugement dernier. La femme est femme tous les jours, nous permettant en une minute une petite mort et une résurrection.

En fait, sa Beauté, chantée par les poètes et indispensable aux hommes, consacre le triomphe du naturel sur le surnaturel.

De l'existence sur l'essence.

Comment peut-il donc y a avoir dialogue entre un être éminemment charnel, et un être éminemment désincarné?

A quoi bon entrer dans une église, dans ces conditions, je vous le demande?



Oui, Dieu déteste tout ce qui est naturel dans la femme:

Ah! La femme a le droit d'enfanter. Histoire de souffrir, sans doute…

Mais le plaisir - tout aussi naturel - est quant à lui l'apanage du Diable.

Pour donner un fils à Marie, Dieu a cru bon faire appel à une entité émasculée.

Quelle horreur que d’imaginer Marie vivre sa condition de femme !

La chair est un péché d'une telle atrocité que Pie IX croit utile de proclamer la conception immaculée.

C'est un duel (!) entre Pie IX et BAUDELAIRE, entre cette bulle papale soutenant l'insoutenable et l'encyclique païenne que sont les Fleurs du Mal, chantant les vertus du plaisir.

Même les hommes, c'est tout dire, Dieu ne les tolère dans ses églises que chastes ou castrés!

Dites-moi, qui (!) trouve la femme abominable?

Quelle conversation pourriez-vous bien avoir avec Dieu, alors que ce dernier n'en veut pas??



Eh oui, cela fait 2000 ans que vous avez Dieu en partie adverse!

La chrétienté ne débute-t-elle pas avec des apôtres qui, sauf erreur ou omission de ma part, sont exclusivement des hommes...

Les prêtres, ces chantres de Dieu, ne sont-ils pas eux aussi élus parmi les dépositaires du seul sexe fort?

"Femme, tu es la porte du Diable, vous dit Tertullien. C'est à cause de toi que le fils de Dieu a dû mourir; tu devras toujours t'en aller vêtue de deuil et de haillons"!!

La première épître de Paul – de Saint(!)-Paul - aux Corinthiens énonce elle aussi une terrible et assassine pétition de principe:

"L'homme est le chef de la femme, voilà pourquoi la femme doit avoir sur la tête un signe de sujétion."

L’Eglise a même jusqu’à récemment été prétendu – en gardant son sérieux - que la femme n'avait pas d'âme, jusqu'à ce "Concile de Trentes", que les faux-dévots ont aussitôt surnommé le "Concile des tentes".


Voyez comme on vous traite, Madame!

Vous vous trompez d'adversaire!

Vous apportez des cierges à un Dieu qui vous déteste et donnez des coups de parapluie à un poète qui vous adore!!



Et ces lois (!), ces lois empruntes de morale bigote et de cathocratie, elles vous auront assez longtemps tenues au silence.

De fait, depuis l'aube de l'humanité jusqu'en ce siècle de naturalisme, jamais on ne se posa de questions sur la position de la femme dans les institutions.

Le code justinien met la femme en tutelle et proclame son imbécillité.

Le Pater Familias avait un droit de vie et de mort sur son épouse adultère.

...Et même après la Révolution française et ses droits de l'homme, la femme est restée - soutient BALZAC - une chose mobilière, la possession valant titre...

Même le Code Napoléon, encore de nos jours,  assure une terrible indulgence au mari justicier.


Et vous, vous vous attaquez à ce poète, alors qu'il est l'un des seuls à vous comprendre ou, du moins, à essayer de vous comprendre?

Que dire alors de Proudhon, ce chrétien révolutionnaire, pour qui la femme a les 2/3 de l'intelligence, les 2/3 de la force et les 2/3 de la morale d'un homme, et donc vaudrait - en faisant l'addition - les 8/27è d'un homme.



Nous avons mille preuves que BAUDELAIRE aime les femmes, et nous en avons mille autres que Dieu les déteste...

Il n'y a alors qu'une seule façon cohérente et raisonnable de comprendre l'incompréhension de BAUDELAIRE sur la présence des femmes dans les églises: s'il n'y a pas de conversation possible entre la femme et Dieu, c'est parce que Dieu lui-même (!) en est indigne, qu'il se refuse à toute correspondance avec elle et que de toute façon il n'aurait à lui dire qu'une seule chose: tu ne vaux rien!!

Oui, avec BAUDELAIRE, empêchons les femmes d'entrer dans les églises!!


Quel paradoxe, d'ailleurs, qui veut qu'aujourd'hui je sois partie civile contre une femme, alors que toutes les femmes devraient être partie civile contre Dieu.

Qu’ont-elles attendu 2000 ans pour déposer une plainte pénale contre lui !



Je constate avec bonheur, M. le Président, MM. les Juges, que les choses se mettent à changer.

Les femmes se mettent à faire parler d'elles, à régner, écrire et même fumer le cigare. Parfois les deux en même temps...

Les associations féministes fleurissent. Enfin (!) de vraies Fleurs du Mal, diaboliques à souhait!



BAUDELAIRE est comme nous tous, il aime les femmes. Qu’aimer d’autre ?

Et honni soit qui mal y pense - qui mâle (!) y pense - à tous ceux qui sont - ou seront - tentés de détourner les vers subtilement codés de mon client pour en faire les armes faciles de plaisanteries de bistrot!!



Si je plaide la cause de mon client avec autant de passion, M. le Président, Messieurs, c'est bien parce que même si je n'ai pas son génie, j'ai sa sensibilité.

Même si nous ne sommes pas des poètes, du moins sommes-nous des hommes.

Sa cause est la nôtre.


Monsieur BAUDELAIRE n'ayant jamais dit du mal des femmes, l'acte de l'inculpée ne saurait avoir été provoqué. Partant, il est injustifiable.


Je dirais même que l'accusée est coupable d'un autre méfait, peut-être plus grave encore, que ceux qui nous réunissent aujourd'hui:

Elle a donné à mon client une raison de détester la femme telle qu'il l'a devant ses yeux aujourd'hui: dévote, bigote, idiote, et elle a terni l'image de la femme telle qu'il la conçoit: belle, animale et divine.


Pour tous ces motifs, c'est par un verdict de culpabilité sans circonstance atténuante que nous concluons à ce que ce Tribunal punisse l'accusée.

En revanche, Monsieur BAUDELAIRE ne réclamera d'elle pas un sou vaillant, partant du principe qu'il ne lui reprendra pas ce qu'il a donné à tant de ses congénères, ce qu'il a payé de bon cœur pour pouvoir s'offrir à elles.





Quant à la peine, si pour une fois je puis me permettre une suggestion quant à la peine, je vous propose de punir le mal par le mal.

L'accusée a l'habitude d'ânonner des pénitences machinales en rémission de ses petits péchés, eh bien, qu'elle récite cent fois, que dis-je mille fois !, sur la place publique, les vers que je lui ai concoctés pour la circonstance:


Je vous prie, ô Satan ! Sauvez-moi des églises !

Exemple des exemples, ayez pitié de moi !

Apprenez-moi l’Amour, les sensations exquises

De mon corps, de mon cœur et des tendres ébats.



Hystérique imbécile, une ombrelle brandie,

Que n'ai-je pas compris la parole éperdue

De l'ennemi de Dieu mais des femmes l'ami

Monsieur, je le promets : Je ne le ferai plus !

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