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18 novembre 2013 1 18 /11 /novembre /2013 10:09

Je suis éberlué de constater que 100% des Marocains que je connais font le ramadan. Ça doit bien faire un 99,9% de la population, histoire de se garder une hypothétique marge d’erreur.

La proportion inverse des chrétiens qui font le carême, quoi.   

Et pourtant ils doivent jeûner de tout solide et tout liquide, salive exceptée (c’est précisé !), par la bouche et par l’anus (c’est précisé aussi…), s’abstenir de fumer, d’actes sexuels y compris solitaires et de faire tout ce qui, de près ou de loin, fâcherait Allah. Jusqu’à se parfumer, regarder un objet désirable, commettre un acte illicite, se trouver dans des assemblées mondaines ou, pire, en compagnie de femmes, voire ne rien faire de leur journée.

Sans compter les prières et les savantes ablutions de fin de journée.

Le soir venu, on se lâche aussitôt retenti le signal « Allah aaaaaaaagbar ! » lancé en cœur par les muezzins.

Ce qui est frappant dans cette manifestation pour le moins contraignante de l’islam, c’est que les musulmans qui d’ordinaire boivent de l’alcool ou mangent du porc respectent tous eux aussi ces préceptes sacrés d’un mois, même ceux qui se disent non pratiquants voire qui ont accepté leur homosexualité avec ce qu’elle peut comporter de blasphématoire ici.

C’est un peu leur yom kippour et leur Noël à eux. Sauf que l’un est un grand pardon et l’autre une fête où l’on fait des cadeaux… Pas un mois entier de privation et d’humilité face à un dieu.

C’est dire à quel point l’adhésion à la religion musulmane est générale, et à quel point elle est forte.

Panégyrique, aussi. Je parlais avec l’un de mes amis, un Marocain d’une trentaine d’années. D’habitude réfléchi et mesuré, il me lança hier soir tout de go : « Le coran, c’est la vérité. C’est écrit directement de la parole de dieu, alors que la Bible a été écrite par des hommes. C’est pour ça qu’on sait  que Jésus n’est pas le fils de dieu, mais un simple personnage de l’histoire ».

Il avait de la chance d’être tombé sur moi, qui suis d’une mécréance de bûcher…

N’empêche, ça m’a agacé.

Ce n’était pas le chrétien en moi qui l’était (après tout, je me suis fait virer d’un collège par refus de prier en début de journée) mais bien plutôt le pourfendeur des pensées uniques. Et c’en était une belle, tenté-je…

Je m’essayai : « Tu ne crois pas que si l'une des sept principales religions du monde avait la preuve que son dieu existait, les autres se seraient empressées de la rallier ? Personne n’a de preuve sinon des écrits provenant de témoins humains ».

« Mais si, je te dis ! »

J’aurais aimé avoir un Imam pour me répondre. Mon interlocuteur n’avait pas les connaissances pour répondre à une telle curiosité. La dernière fois que je partageai ce genre de questions avec l’un d’eux, c’était Hani Ramadan, Imam et frère de Tariq, il y a quelques années à l’occasion d’une soirée en sa charmante compagnie. J’en étais sorti éberlué, tant son discours impitoyable, notamment sur les femmes ou sur les jeunes homosexuels qui venaient se confier à lui, semblait sorti d’un autre âge.  « Ce qui était mal pour Mahomet l’est encore aujourd’hui. Ce qui était bien pour lui l’est encore aujourd’hui ». D’avoir épousé Aïsha quand elle avait 6 ans et l’avoir déflorée à l’âge de 9 ans, vous croyez que ce serait bien vu « encore aujourd’hui » ? « A cette époque, on ne vivait que 25 ou 30 ans en moyenne… ». C’est donc que les choses changent ! Le porc était interdit à la consommation pour des raisons sanitaires, dans ces pays chauds, tout comme on interdisait l’homosexualité, la sodomie et la fellation même entre maris et femmes pour des questions de reproduction d’une population. Et toutes sortes d'autres pratiques susceptibles de mettre en péril l'hégémonie des religieux.

J’avais poursuivi mollement (à quoi bon ?), en particulier sur le lavage de cerveau que sont la prière et des incantations répétées inlassablement depuis l’âge tendre. Sur ce besoin qu’ont toutes ces religions, à un moment de leur histoire, de tuer ou de se faire tuer au nom d’un dieu. Sur cette incertitude aussi certainement fausse chez les uns et chez les autres quand plusieurs soutiennent détenir la Vérité et que celle-ci est différente chez chacun d’eux. Sur l’éventualité amusante que tout le monde se trompe et que la vérité soit ailleurs, y compris dans le Rien.

Le chrétien que j’étais ne pouvait pas comprendre.

Décidément, je me demande tous les jours davantage comment le philosophe, le savant et tout homme intelligent peut être croyant en ces dieux qu'on nous a imposés depuis la nuit des temps.

Pourquoi n'y a-t-il plus personne pour croire en Zeus ou en les dieux Horus, alors qu'ils étaient des millions à être persuadés, pendant des siècles (secula seculorum...), qu'ils étaient les seuls tenanciers de la Vérité ?

Quelle est la différence entre croire en un dieu et croire une Elisabeth Teissier qui lit dans les astres ? Croire un pigiste d’hebdomadaire à sensation qui a rédigé un horoscope hasardeux en fonction, au mieux de la position de la position de Jupiter derrière la lune de son frère Neptune, au pire en riant tout bas que ses lecteurs fussent sur le point de croire ce qu’il était en train d’écrire en se foutant d'eux.

Il y a une différence, la seule qui se respecte : donner du crédit à un astrologue est une démarche de l’esprit égocentrique, dédié à améliorer un quotidien généralement médiocre, alors que croire en dieu devrait être une élévation. L'intention de devenir meilleur. Un regard vers l’autre.

L’homme a besoin d’une morale, d’une ligne de conduite. Il acquiert le sens du bien et du mal de ses parents, de son éducation, de son milieu, de ses compagnies, des accidents de la vie et de sa propre nature.

Grand bien lui fasse qu’il prenne dans la religion ce qu'elle peut inspirer de valeurs.

La bienpensance, la colère et le pouvoir du nombre forment le seul cocktail qui amène imperceptiblement l'Homme à tuer avec le sourire.

En Vérité Je Vous Le Dis : quand la religion exclut, elle ne sert à rien.

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